Stephanie Pradelle Harari

La responsabilité collective et individuelle dans l’espace numérique

Quelles valeurs pour notre vie numérique ? Nous avons une responsabilité collective et individuelle face à la transformation rapide de l’espace numérique. Nous ne voulons pas laisser les acteurs technologiques formater ce monde virtuel sans que nous nous posions la question de la contribution de la réalité numérique dans la construction d’un monde durable, libre, égalitaire…
La responsabilite collection dans l'espace numerique

Nous avons une responsabilité collective et individuelle face à la transformation rapide du monde en matière de réalité numérique.

La responsabilité de comprendre que cette nouvelle réalité fait intrinsèquement partie des mondes physiques et virtuels dans lesquels nous évoluons aujourd’hui. Nous devons nous poser la question de ce que signifie cette réalité numérique.  Quel est son essence, ses valeurs, sa mission…. Il est temps de se réveiller, d’ouvrir les yeux et de sortir de notre somnolence. Nous ne voulons pas laisser les acteurs technologiques formater ce monde virtuel sans que nous nous posions la question de la contribution de la réalité numérique dans la construction d’un monde durable, libre, égalitaire…

Dans le monde physique nous avons développé des systèmes de gouvernance, et une capacité à interroger le sens et les valeurs de nos choix pour guider notre évolution. Les questions de fond ont leur place et pourtant nous savons à quel point nous sommes loin d’avoir atteint l’harmonie et l’équilibre sur Terre. Donc imaginons où nous en serions sans se poser ces questions….

Metaverse, quelles valeurs pour notre vie numerique?

Hier, j’ai écouté une interview de Mark Zuckerberg par Gary Vaynerchuk sur le projet de Metaverse. Cette interview m’a permis de mieux comprendre le projet de metaverse. Mais ce qui m’a frappé avant tout, c’est qu’à aucun moment Mark Zuckerberg a exprimé une vision de changement du monde pour un monde meilleur. La vision technologique/pratique/économique de Mark Zuckerberg est son moteur et non la vision durabilité sociale de notre Planète. Mon propos n’est pas de dénigrer l’avance technologique, au contraire. Mais, il me semble que la technologie doit être au service de l’évolution de notre humanité et non être en roue libre sans que les questions de sens soient adressées. C’est dangereux.

Prenons par exemple, la problématique des bulles de filtres.

Il y a plus de 10 ans, en 2011, Eli Prasier a publié un livre The Filter Bubble, et un célèbre Ted Talk Show à voir. Il a été le premier à nous alerter sur un phénomène aujourd’hui largement connu et reconnu.

A l’origine le filtre d’information a été créé par les géants des médias sociaux, google et amazon afin de nous aider à trier l’immensité des informations sur le web.

Ils ont mis en place des processus de personnalisation, les fameux algorithmes, pour trier les informations selon nos préférences. Cela nous permet d’accéder à l’information que nous cherchons de manière plus simple et sans se sentir accablé par un torrent de résultats désorganisés. L’intention est bonne et nous apporte une réelle assistance. Mais ce tri d’informations, les fameux filtres mis en place, ont créé une nouvelle problématique. Nous ne décidons pas quelles informations sont partagées sur nos flux ou nos résultats de recherche. Ceci est fait par des ordinateurs préprogrammés. Nous n’avons aucun contrôle sur les informations qui entrent ou sortent de la bulle tirées selon des critères obscurs et inconnus à nos yeux.

C’est ce qu’on appelle la bulle de filtre.

De plus, les géants du web, pour essayer d’accroître la pertinence des filtrages, ont commencé à collecter de plus en plus nos données personnelles. Cette collecte de données personnelles est devenue un outil de canalisation de proposition commerciale adapté à nos comportements. Source de revenu extraordinaire pour ces médias sociaux qui les réinvestissent dans le développement de nouvelles technologies dont nous devenons ‘aveuglement’ suiveurs.

Une realité numérique – Les chambres d’echo

Nous évoluons dans la réalité numérique dans des micro-cosmos artificiellement formés que l’on appelle des chambres d’écho. Echo de nos propres opinions ! Une fois dans cette chambre d’écho, nous sommes entourés de gens qui pensent comme nous et sont le miroir de nos opinions. Notre réalité devient déformée car nous pensons que tout le monde pense comme nous et que nos opinions sont l’unique vérité. Cette réalité déformée crée une fausse impression que nous « avons raison » et que les autres ont tort. Ça crée de la polarisation !! Polarisation des médias sociaux.

Cela fait trois ans que je suis le problème de la bulle de filtre et 10 ans que le problème a été soulevé pour la première fois. C’est un sujet sur lesquels des articles, films, livres ont été écris. Mais finalement peu a changé profondément. Même si récemment, quelques lois ont été rédigées pour essayer de nous rendre le contrôle de ce tri de l’information.

En Europe ce 22 janvier a été examiné le DSA (Digital Services Act) ; la législation sur les services numériques. Est-ce le début d’un changement et d’une exigence de transparence et de possibilité de choix du consommateur ?

Le changement doit venir aussi de la prise de conscience de chacun de nous, de notre responsabilité collective à agir, dénoncer, exiger d’être acteur du changement.

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